Biologie de la reproduction
La spermatogenèse syncytiale, origine du gonochorisme et du sexe femelle homogamétique XX
Chez l'homme les 32 spermatocytes issus d'une spermatogonie fille se divisent et se différencient sous forme de syncytium. Chaque division cellulaire des 6 générations est incomplète et laisse persister un tunnel cytoplasmique, entre les deux cellules issues de chaque division cellulaire, qui ne disparaissent qu'au moment du détachement des spermatozoïdes mûrs. Seize de ces spermatozoïdes ont un génome mâle A:Y, les seize autres ont un génome d'ovocyte A:X et devraient avoir des difficultés à se différencier en spermatozoïde et donner des ovocytes. En effet il leur manque le gène AZF de la spermatogenèse qui est sur le gonosome Y, exprimé pendant la phase haploïde et distinct du déterminant testiculaire TDF. L'X porte le gène de l'ovogenèse ODF et des gènes auxiliaires exprimés en aval de TDF et d'AZF.
La méïose n'explique pas, à elle seule, la différenciation du spermatozoïde X. Heureusement la syncytialité annule les effets de la division cellulaire – qui isolerait les seize spermatocytes A :X supprimerait la moitié des spermatozoïdes – en permettant le passage des produits des gènes Y, protéines spécifiques et ARN messagers, du spermatocyte Y à son voisin X par les tunnels cytoplasmiques intercellulaires.
La spermatogenèse des métistes a pour précédent la genèse syncytiale des gamètes mâles des protistes à stade gamonte. Ce phénomène est à l'origine d'un spermatozoïde neutre et du gonochorisme (émission de gamètes unisexe de l'individu XY, pourtant potentiellement bivalent, Ce gamète neutre génère un deuxième zygote, homogamétique, et donc le dimorphisme sexuel des individus.
Sans syncytialité pas de spermatozoïde X, pas de zygote XX, pas de femelle. La syncytialité, pendant cytoplasmique de la méiose, est une constante de la gamétogenèse, tant dans le sexe hétérogamétique que dans le sexe homogamétique, spermatogenèse XY ou ZZ, ovogenèse XX ou ZW, tant chez les protistes que dans les règnes animal et végétal. L'hypothèse fournit une fonction cohérente à ce phénomène dont Erickson fait un des mystères de la biologie.